Xiomara est une adolescente presque comme les autres. Elle vit à Harlem, le quartier latino de New York, avec sa famille : son père, peu présent, sa mère, très pieuse, et son frère jumeau avec lequel elle entretient une relation complice malgré leurs différences physiques et intellectuelles. Le corps de Xiomara, fait de courbes généreuses, ne laisse pas indifférent et elle vit mal les regards lubriques que lui adresse la gent masculine. Contre les garçons, elle use des poings s’il le faut. Mais quand la rage l’emplit, elle utilise les mots qu’elle déverse par flots sur le papier, dans un carnet tenu secret. Car la poésie habite Xiomara. Et c’est au gré de ses mots que ce roman, entièrement rédigé en slam, nous raconte sa vie, ses amours, sa relation difficile avec sa mère. Comme un journal intime fait de poésie urbaine.
Ce que je retiens de ma lecture ? Qu’il est difficile pour une fille de grandir dans un monde à la fois genré, sexualisé et empli d’interdictions. Qu’il est difficile pour un enfant de grandir hors du cadre imaginé par ses parents. Qu’il est difficile pour un adulte de voir sa vie lui échapper. Comme un filigrane qui se révèle au fil des pages, le parallèle entre la force des poings et celle des mots s’impose peu à peu. La violence physique est une réponse immédiate à un débordement d’émotions, coupant court la communication mais laissant sur sa faim ; la parole prend, certes, plus de temps, de réflexion et de travail sur soi, mais elle libère et apaise durablement quand elle est partagée.
Pour aller plus loin :
- Le slam : définitions et histoire
- Mark Smith, le poète à l’origine du slam
- Grand Poetry Slam (festival national et international de slam)
- Astuces pour écrire du slam (La cuisine des mots, Chantal Grimm)
- Harlem quartier latino
Signé poète X
Elizabeth Acevedo (2018, traduit de l’anglais américain)
éditions Nathan (2019)
378 pages
À partir de 14 ans