Suite à une reconversion professionnelle et après une rupture amoureuse, Miranda s’installe comme comportementaliste animalière dans un nouveau quartier. Le lecteur la suit dans son activité professionnelle et c’est l’occasion de découvrir de nombreux détails sur les animaux, leurs caractères et leurs habitudes. Les rendez-vous de Miranda se succèdent et, très vite, le travail déborde sur sa vie personnelle, à moins que ce ne soit l’inverse. De rencontres fortuites en hasards provoqués, la vie prend une tournure inattendue : le passé fait irruption dans le présent et vient finalement à la rescousse de l’avenir. Les scènes cocasses et les petites intrigues sont omniprésentes et pimentent cette comédie (romantique ? oui, mais pas que) en la saupoudrant de péripéties et de retournements de situation. Les nombreux personnages (humains comme animaux) sont attachants, du chienchien à sa mémère au chat qui aime l’eau, en passant par la meilleure amie, la journaliste excentrique et l’homme politique (bon, d’accord, peut-être pas ce dernier), sans compter tous les autres (mais je ne vais pas vous spoiler 😉 ).
Ce roman laisse croire qu’il n’a d’autre prétention que de nous faire passer un bon moment et il y réussit très bien. Mais en filigrane, il dessine (et insuffle ?) l’envie de se détacher des chaînes qui nous retiennent dans une vie qui ne nous convient pas. Il ne dit pas que c’est une décision facile à prendre ni que le chemin est exempt d’embûches ou de larmes, mais se réconcilier avec soi, les autres et la vie est certainement une voie qui vaut la peine d’être empruntée. Derrière l’histoire de Miranda, plusieurs autres se dessinent et illustrent les nombreux possibles, tant côté chaînes que côté issues.
D’Isabel Wolff, j’avais lu Les tribulations de Tiffany Trott (son premier roman) et je l’avais trouvé plutôt plat (malgré les rebondissements) et d’un style assez redondant, voire lassant. Mais Misérable Miranda est agréable à lire, léger sans être superficiel, instructif et divertissant à la fois. Ce roman est très certainement à classer dans la chick lit. Mais pourrait-on également le classer dans la catégorie feel good ? Oui, probablement : détente, sourires et choix de vie sont au rendez-vous. Comme l’écrit Isabel Wolff : « My books involve a search for redemption – they are ultimately uplifting and hopeful. »
Ce que je retiens de ma lecture ? Nombre de petites choses intéressantes sur les animaux et la vie. J’avais choisi ce livre car, la quatrième de couverture parlant de « psy pour animaux », je pensais qu’il s’agissait d’un roman ayant pour toile de fond la communication animale. Mais point de communication animale ici : il s’agit de l’étude du comportement animal et non de communication à proprement parler. Néanmoins, cet aspect du roman est traité avec sérieux et on apprend nombre de détails intéressants sur nos amies les bêtes et comment être de meilleurs gardiens. L’autre sujet du roman, à savoir la vie personnelle et amoureuse de la narratrice (ainsi que celle de sa meilleure amie), apporte également son lot de petites choses pertinentes à retenir et mettre en perspective. Être honnête avec soi et les autres n’est pas toujours évident ni facile ; on préfère parfois se mentir, comme on choisit d’arrondir les angles avec les autres, pour éviter les frictions et les prises de risque. Il faut du courage pour reconnaître ses erreurs de jugement et changer de direction ou s’excuser, à défaut de pouvoir réparer le passé. Et il n’est jamais trop tard pour ce faire, sauf à vouloir vivre avec des remords ou des regrets…
Pour aller plus loin :
- Présentation du roman par Isabel Wolff (en anglais), d’où est extraite la citation ci-dessus. Attention, cette présentation spoile un peu l’histoire et le sujet, donc à éviter pour qui aime se laisser porter par les mots sans savoir à l’avance où ils l’emmènent et avec qui.
Misérable Miranda
Isabel Wolff
éditions JC Lattès (2004, traduction depuis l’anglais britannique)
existe aussi en format poche Pocket
(titre original : Behaving Badly, 2003)