Mina et Océan sont deux adolescents. Ils ne se connaissent pas, mais ils ont tous deux décidé d’en finir avec la vie le même soir sur le même toit. C’est dans ces circonstances qu’ils se rencontrent, et cette rencontre fortuite les fait hésiter à sauter. Incertains, ils finissent par faire un pacte : ils passeront la nuit côte à côte et verront au matin s’ils ont toujours envie de mettre un terme à leur vie, auquel cas ils sauteront ensemble. Pendant quelques heures, ils vont vivre, faire des expériences, se lancer des défis fous et discuter. Se révéler aussi un peu, sans tout dire car tout ne peut être dit. Peu à peu, ils vont chacun se trouver et se comprendre. Non pas en l’autre, mais en soi, grâce au regard et aux mots de l’autre qui titillent, qui aiguillent, qui mettent en rage aussi. Leurs vies sont complètement différentes, leurs raisons de vouloir en finir ne sont pas moins éloignées. Au petit matin, on comprend ce qui a mené Océan et Mina à désirer la mort. Puis chacun prend une décision. Ce roman, raconté à deux voix (elle et lui), est à la limite du turn-over. Il ne laisse pas indifférent et éclaire sur le sens du suicide. Parfois, un mot, un regard ou un geste peut tout faire basculer. Dans un sens comme dans l’autre. Bien que différent de 13 reasons why, il m’y a parfois fait penser dans les petites choses qui conduisent à choisir la mort et dans le message à destination des autres lors du passage à l’acte. Le livre se termine sur une liste de hotlines permettant de trouver une oreille attentive lorsque la vie ne tient plus qu’à un fil.


Ce que je retiens de ma lecture ? Sous une écriture fluide, l’autrice glisse des mots et des pensées qui font réfléchir à ce que l’on a en soi. Pourquoi en arrive-t-on parfois à vouloir mettre fin à ses jours ? Est-ce pour arrêter la vie et passer à autre chose ? Est-ce pour faire passer un message aux autres ? Où se trouve notre force de vie ? Cet élan vital qui nous permet de fuir les mots, les gestes et les regards qui abîment et écorchent l’âme. Les mots des différents protagonistes du roman sont comme des graines qui, parfois, germent et permettent de mieux comprendre pourquoi il y a cet appel du vide. Les personnages nous donnent des pistes pour découvrir qui on est, ce que l’on a en soi et ce que l’on décide d’en faire.


Pour aller plus loin :

  • Lire un extrait sur le site de l’éditeur.
  • SOS Amitié existe depuis 1960 et propose une écoute active, non directive, centrée sur la personne et anonyme. En cas de besoin, les bénévoles prêtent une oreille attentive et empathique 7 jours sur 7 par téléphone (24 h sur 24), tchat (de 13h à 3h) et email.


Nos vies en l’air
Manon Fargetton
éditions Rageot (2019)

Accessible à partir de 14 ans