Ce roman est le premier tome d’une saga polynésienne composée de trois volumes (je n’ai lu que le premier pour l’instant).
Materena vit avec Pito et leurs trois enfants dans un quartier populaire de Tahiti. Materena est une femme simple et travailleuse qui prend soin de sa maison et a à cœur de bien éduquer ses enfants malgré les difficultés de la vie. Ses journées sont bien remplies entre son travail, son foyer et les personnes qu’elle rencontre. Le fil conducteur de ce premier tome est le mariage. Toutefois, il ne s’agit pas d’un roman d’amour, mais d’une chronique de vie : Materena et Pito vivent ensemble depuis une dizaine d’années sans avoir vraiment pensé à se marier, mais l’idée fait son chemin dans la tête et le cœur de Materena.
Le roman est découpé en de nombreux chapitres assez courts : chacun raconte une anecdote de la vie de Materena, et c’est le prétexte pour faire connaissance avec sa famille élargie et la culture locale. Au gré de ces moments extraits du quotidien, on découvre la vie dans les îles du Pacifique, loin des clichés des métropolitains en vacances (exit les plages de sable fin sous les cocotiers !). Dès les premières lignes, le parler local nous plonge dans l’ambiance, et on savoure tout au long de l’ouvrage la langue française tahitienne avec ses tournures typiques et ses insertions de mots tahitiens (un glossaire est présent à la fin du roman pour le lecteur qui ne maîtriserait pas le tahitien 😉 ).
L’écriture, à la fois candide et ancrée dans le réel, fait ressentir la chaleur omniprésente et la langueur qui en découle parfois. On s’attache aux personnages, à leur façon de vivre et d’envisager la vie. La colonisation de ces îles par la France est évoquée : une anecdote aborde la manière dont le Blanc a imposé sa culture en interdisant la langue et les traditions tahitiennes, une autre raconte comment certains Blancs se sentent légitimes à voler les Tahitiens en jouant sur les mots. Mais ce n’est pas là l’objet du roman, ce ne sont que quelques anecdotes parmi de nombreuses autres ancrées dans la vie quotidienne en Polynésie.
En refermant ce livre, un sourire étire mes lèvres, j’ai l’impression d’avoir passé un moment hors du temps. L’histoire n’offre ni passion, ni grand vertige ou montée d’adrénaline, mais il y a quand même ce léger suspens autour du mariage (Pito se résoudra-t-il à épouser Materena ?) et d’autres événements (la vie n’est jamais aussi linéaire et prévisible qu’on le voudrait bien !). On ressent le plaisir de vivre simplement et d’être entouré d’amis. Et pour ceux qui ne peuvent partir en vacances, cet ouvrage offre une parenthèse dans le temps et un dépaysement bienvenu.
Ce que je retiens de ma lecture ? Une agréable découverte de la vie dans les îles du Pacifique, loin des clichés touristiques.
Pour aller plus loin :
- Feuilleter ou télécharger un extrait (depuis le site de l’éditeur).
- L’arbre à pain est le premier tome d’une trilogie. Il est suivi de Frangipanier et Tiare.
- En savoir plus sur l’arbre à pain (le végétal, pas le roman 😉 ) : Wikipédia, photos ici et là, fruit de l’arbre à pain (l’uru) et ses légendes.
- Apprendre le tahitien.
Un livre pour : toute personne souhaitant s’immerger dans la culture et la vie des quartiers populaires de Tahiti, pour celles et ceux qui ont envie de dépaysement ou encore qui apprécient les chroniques de vie. Ce roman figure sur la carte « Baroudez depuis votre canapé » que j’avais reçue avec ma box Kube.
L’arbre à pain
Célestine Hitiura Vaiter
éditions Au vent des îles (2020)
traduit de l’anglais australien (Henri Theureau)