Dans ce roman, on suit Emma, journaliste au sein d’une chaîne de radio, dans ses activités professionnelles et ses réflexions personnelles. Le lecteur découvre ses enthousiasmes, ses exaspérations, ses errances aussi parfois, au gré des événements de la vie quotidienne. Alors qu’elle interviewe Julien Vascos, un auteur renommé spécialisé dans le développement personnel et les romans initiatiques, celui-ci lui propose de tester en avant-première son nouveau programme de développement personnel : « Retrouver le chemin de soi ». Après plusieurs jours et beaucoup d’hésitation, elle finit par accepter. Commence alors une quête au rythme des courriels personnalisés qu’elle reçoit dans le cadre du programme.
Chaque message l’invite à réfléchir sur un point précis et à effectuer un exercice dans la continuité de cette réflexion, l’aidant peu à peu à modifier sa perception de la vie et à se libérer de certaines chaînes pour aller vers de nouveaux paradigmes. Au total, ce sont six courriels qu’Emma reçoit au fil du roman. Chacun d’entre eux l’aide à appréhender la vie sous un nouvel angle. Elle (et le lecteur avec elle) apprend l’omniprésence du choix (et donc l’inexistence de l’obligation), l’ineptie de la course contre le temps, l’importance d’apprendre à faire de nouvelles choses, l’intérêt des verbes pour nommer et décrire ses envies, la possibilité de vivre le bonheur au présent plutôt qu’au futur, le rôle des mots pour se libérer des maux et, pour finir, les différentes façons de donner de l’amour. Dit ainsi, cela peut paraître cliché, mais la manière dont Véronique Maciejak amène ces sujets est rafraîchissante et donne envie de s’essayer aux exercices proposés.
Au fil de ma lecture, je me suis surprise à attendre avec impatience le prochain message de Julien Vascos et, en parallèle, je regrettais de dévorer le roman sans faire de pause à chaque message pour prendre le temps de réfléchir, ressentir et faire les exercices recommandés. J’ai vraiment apprécié le fond du roman (un peu moins le style d’écriture, mais c’est une affaire de goût personnel), à tel point que j’ai offert un exemplaire du livre à une amie et un autre à ma mère ! J’avais auparavant lu plusieurs romans de Laurent Gounelle : si quelques-uns (mais pas tous) ont pu me paraître intéressants sur certains points, aucun ne m’a autant enthousiasmée que ce premier roman de Véronique Maciejak.
Petit bonus du livre : une fois le roman terminé, le lecteur peut se livrer à une petite enquête littéraire et découvrir le code qui lui permettra d’accéder au site de Julien Vascos (personnage fictif) afin de recevoir une dernière lettre initiatique. L’intention est sympathique, mais cet extra m’a un peu laissée sur ma faim. J’aurais peut-être trouvé plus intéressant de recevoir les mêmes messages qu’Emma (pour avoir le temps de les approfondir) avant d’arriver à ce dernier message bonus. Malgré tout, ce roman fait partie de ceux que je relirai avec plaisir, en particulier les messages pour me recentrer sur l’important lorsque la routine et le manque d’enthousiasme reprennent trop le dessus. C’est un livre à la fois léger et porteur d’espoir.
Ce que je retiens de ma lecture ? Après avoir lu ce roman, je ne peux plus dire « je suis obligée de ». Non, la formule exacte est « je choisis de ». Car, finalement, rien n’est jamais vraiment obligatoire : il ne s’agit que d’un choix entre une option avec des conséquences et une autre option avec d’autres conséquences. Tout réside dans les conséquences que l’on se sent capable d’assumer ouqui nous sont le moins pénibles (cela n’est pas sans rappeler certains aspects de la servitude volontaire décrite par Étienne de la Boétie). Dire « je choisis de », même s’il s’agit de quelque chose de désagréable, nous place en situation de pouvoir et, avouons-le, il est plus agréable de choisir sa vie plutôt que de la subir, et plus facile et acceptable d’assumer les conséquences de ses propres choix plutôt que celles de choix faits pour nous par d’autres… J’ai aussi repris une petite habitude que j’avais fini par perdre : ressentir de la gratitude pour des petits riens. Cela peut paraître anodin, mais la vie semble plus légère quand on dit ou pense plus souvent « merci » que « m… » 😉
Pour aller plus loin :
- Feuilleter un extrait sur le site de l’éditeur
- Quelques pistes issues de mon expérience personnelle :
- Ressentir de la gratitude : il y a quelques années, je transcrivais chaque soir dans un petit carnet trois choses pour lesquelles je ressentais de la gratitude : le soleil qui m’a réchauffée la peau, le facteur qui a échangé deux mots gentils avec moi, le repas qui s’est révélé meilleur que prévu (je ne suis pas bonne cuisinière !), ma facture d’électricité moins élevée que ce que je craignais, etc. Aujourd’hui, je ne tiens plus de cahier, je remercie intérieurement au moins une fois par jour lorsque quelque chose d’agréable arrive.
- Choisir plutôt que subir : je ne dis plus « je dois faire ça », mais je reformule systématiquement en « je choisis de » (d’arriver à l’heure au rendez-vous, de faire le repas, de faire le ménage, de respecter telle obligation, de ne pas me conformer à telle directive, de me changer au dernier moment et donc prendre le risque d’arriver en retard – ou bien de ne pas me changer et d’arriver à l’heure dans une tenue défraîchie ^^ , etc.).
- Être ici et maintenant : je choisis parfois d’interrompre ma course quotidienne, de m’asseoir deux minutes à un arrêt de bus (même si je ne prends pas le bus) et de ne rien faire d’autre qu’observer autour de moi pour ressentir le moment présent. Ou bien, lorsque j’attends (en voiture ou dans une file d’attente), je ne fais rien (pas de radio, pas de téléphone) et je me contente d’être « ici et maintenant », sans penser à mon prochain rendez-vous ni au menu du dîner (pas toujours simple, je l’avoue). Mon prochain objectif : aller marcher sans objectif précis, juste déambuler et voir où mes pas me mènent (pas simple non plus !).
- Faire quelque chose de nouveau : certains disent « sortir de sa zone de confort », mais, pour moi, il s’agit plutôt de faire quelque chose qui sort de la routine, de découvrir une nouvelle activité, de réveiller en moi l’envie de faire et d’être. S’impliquer, même un court moment, dans quelque chose de nouveau est stimulant et revigorant. Si l’on se limite à ce que l’on connaît déjà, la vie finit par devenir fade et monotone ; saupoudrer de temps à autre le quotidien d’une pincée de nouveauté permet de retrouver son enthousiasme.
- À vous d’inventer la suite qui vous ressemble pour apprendre à danser sous la pluie 😉
N’attends pas que les orages passent et apprends à danser sous la pluie
Véronique Maciejak
éditions Eyrolles (2019)