Dans Le vieux monde est derrière toi, deux sujets s’entrecroisent : le handicap (cécité) et mai 1968. Un adolescent aveugle croise une jeune fille engagée et son regard sur son handicap évolue en même temps que naît son envie de s’émanciper. Une histoire simple, qui se lit facilement, mais des sujets profonds qui donnent envie de creuser pour en savoir plus. Les protagonistes sont des gens ordinaires et, dans le même temps, ils sont ces petites gouttes d’eau qui, ensemble, ont fait évoluer la société vers plus de droits pour les jeunes et pour les personnes malvoyantes. Au fil des pages, le lecteur plonge dans la culture sociale de l’époque, aidé notamment par les nombreuses références au contexte historique. Le roman se déroule au fil des slogans et des pensées fortes qui ont marqué les événements de mai 68, avec des petits clins d’œil ici et là. Les chapitres sont titrés d’après les slogans scandés pendant la révolution socio-culturelle : « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! », « Consommez plus, vous vivrez moins ! », « Sous les pavés, la plage ! », pour n’en citer que quelques-uns.


Ce que je retiens de ma lecture ? Il n’est pas difficile de faire le lien entre les événements de 1968 et ceux plus récents qui ont embrasé la France : on parle souvent de mai 68 comme le printemps de la révolution sexuelle, mais l’on oublie que ce printemps étaient aussi celui des ouvriers fatigués d’être exploités et des jeunes qui avaient besoin d’espace pour être eux-mêmes (aveugles ou non). On prend la mesure des avancées sociales qui ont eu lieu pendant les cinquante années qui ont suivi mai 68. Devrait-on s’interroger (s’inquiéter ?) de ce qui adviendra pendant les cinquante années qui suivront 2018 ?


Pour aller plus loin :


Le vieux monde est derrière toi
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Sylvie Baussier et Pascale Perrier
éditions Fleurus, 2018
236 pages

À partir de 13 ans